Le Triomphe de Buffalo Bill (Pony Express) 1953 • Western Movies •

Le Triomphe de Buffalo Bill (Pony Express) 1953

Titre Belge : Les Cavaliers du Pony Express
Note : 6 /10 (8 votes)

Pays : États-Unis (1H41) Couleurs
Réalisateur : Jerry Hopper
Acteurs : Charlton Heston, Rhonda Fleming, Jan Sterling, Forrest Tucker, Michael Moore, Porter Hall, Richard Shannon, Henry Brandon, Stuart Randall, Lewis Martin, Eric Alden, James Davies, Len Hendry, Pat Hogan, Howard Joslin, Frank Wilcox
Producteur : Nat Holt
Scénaristes : Charles Marquis Warren, Frank Gruber
Directeur de la photographie : Ray Rennahan
Composition musicale : Paul Sawtell
Thème : Pony Express
Studio :
1 DVD / Blu-Ray disponible

Résumé : 1860... Buffalo Bill et son ami Bill Hickok participent au projet du Pony Express, une chaîne de relais postaux qui doit relier la Californie à l'Est des États-Unis. Des voix courroucées s'élèvent. En particulier celles des patrons de diligences, qui voient d'un mauvais œil l'arrivée de ce concurrent inattendu. Les tribus Sioux font aussi entendre leur voix, afin de protéger leurs territoires, situés dans les régions traversées, alors que les Californiens voient dans le projet une menace pour leur indépendance...
Lieu de tournage : Kanab, Utah, Paramount Ranch, Agoura, Californie

Informations complémentaires : Remake du film The Pony Express (1925) de James Cruze

Tournage : 30/06 - 22/07/1952

Sortie États-Unis : 05/06/1953 - 1ère sortie France : 22/04/1954


Format : 1.37 : 1
Technicolor
Mono (Western Electric Recording)

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La Première du Pony-Express.

Posté par lasso
Paramount présente Pony Express de Jerry Hopper, en Technicolor, avec la musique "western" de Paul Sawtell. Buffallo Bill et Wild Bill Hickok sont les héros folichons joués par les jeunes Burt Lancaster et Forrest Tucker, qui bien sûr ne subiront aucune éraflure dans leurs efforts de mettre à pied le fameux Pony-Express, liaison postale entre St. Joseph, Missouri et Sacramento, Californie, distance plus de 3000 kilomètres, durée 10 jours, alors que les diligences parcouraient la même distance en 25 jours. Un petit groupe qui veut regagner l'indépendance de la Californie, fait tout pour faire échouer le projet. Une jeune fille amoureuse de Buffalo Bill, qu'il a ignoré en préférant la belle Californienne, le protège en se jetant dans la balle qui lui était destinée. Buffalo Bill réussit aussi à tuer Yellow Hand, un chef indien, pour que son groupe ait libre passage. Beaucoup de morts pour cette histoire bon enfant. Meilleures scènes, les relais des Pony-Express riders.

Mise-en-scène : 7/10
Acteurs : 5/10
Histoire / Scénario : 6/10
Réflexion sur la condition humaine : 4/10
Spectacle offert : 5/10
Note générale : 5.4 /10


Le triomphe de la légende

Posté par pak
Tout d'abord précisons qu'il ne faut pas se fier au titre français qui est trompeur car il n'est en aucun cas question d'un quelconque triomphe du fameux Buffalo Bill, d'ailleurs la fin étonnamment dramatique dément complètement ce titre idiot, titre que l'on doit aux distributeurs de 1955 qui pensaient (avec peut-être juste raison) que le public français connaissait plus le nom de ce personnage illustre de la conquête de l'Ouest que celui du Pony Express. Pourtant, le titre original Pony Express, sobre lui, a le mérite de la simplicité et d'être plus parlant vis-à-vis du contenu, puisque celui-ci s'intéresse à la période du démarrage de ce service de distribution « rapide » (pour l'époque) de courrier auquel a participé un jeune homme nommé William Frederick Cody, son surnom Buffalo Bill étant postérieur aux évènements du film, et donné par des ouvriers de la compagnie ferroviaire pour laquelle il travaillait, son boulot consistant à chasser, ou plutôt massacrer, les bisons pour nourrir les employés, en 1867. Une approximation historique qui en appelle d'autres, mais j'y reviendrai.

Nous connaissons tous le Pony Express de nom sans en connaître forcément les détails. Celui-ci est une partie de la réponse au problème de l'acheminement du courrier, privé, bien-sûr, mais surtout officiel. A mesure de l'extension vers l'ouest du territoire des États-Unis, ces derniers vont vite être confrontés à des problèmes de communications aggravés par des distances à parcourir à travers le territoire vertigineuses. Problème qui va devenir crucial dès lors que les populations vont se sédentariser dans des villes de plus en plus grandes. Quand, le 9 septembre 1850, la Californie devient le 31ème état de l'Union, cette dernière est désormais bordée à l'est par l'Océan Atlantique, à l'ouest par le Pacifique. Acheminer par bateau le courrier entre les deux extrémités est/ouest du pays prenait des mois. A l'intérieur des terres, il fallait plus d'une vingtaine de jours pour acheminer le courrier du Missouri au Texas, avec environ 1200 kilomètres séparant les capitales des deux états : on imagine alors le temps qu'il fallait du Missouri à la Californie, avec pas loin de trois fois plus de distance à couvrir... En diligence de quatre à six chevaux, dans des conditions dantesques de voyage, relier Saint Louis à San Francisco prenait au mieux 23 jours. Trois hommes nommés William Hepburn Russell, William B. Waddell et Alexander Majors créent le Pony Express qui démarre son activité le 3 avril 1860. Le système est simple : sur un parcours d'environ 3400 kilomètres séparant Saint Joseph (Missouri) à Sacramento (Californie), un ensemble de relais équipés de chevaux frais, séparés au plus d'une grosse quinzaine de kilomètres (distance maximum parcourue par un cheval au galop) attendent les porteurs de courriers pour un changement de monture, le cavalier changeant lui entre 120 et 160 kilomètres suivant les tronçons, mais les sacs postaux voyageant eux sans pause, comme un passage de relais lors d'une course à pieds. Le premier voyage prit 10 jours (temps de référence utilisé dans le film) mais au quotidien il fallait compter un ou deux jours de plus : ce temps de parcours reste pourtant inédit à l'époque et est en soi une petite révolution. Mais en dehors de l'aspect technique, le Pony Express doit sa justification à une dimension plus politique. En 1860, la Californie était encore séparée de l'Union par des territoires encore sauvages, les directives du gouvernement mettant des semaines à arriver. Nous sommes à l'aube de ce qui sera la guerre de sécession, et les tensions sont vives, aussi fallait-il couper court aux envies d'indépendance de certaines élites californiennes et leur montrer que l'autorité centrale n'était pas si éloignée. C'est d'ailleurs l'un des thèmes développés par ce film, et c'est même sa partie la plus intéressante même si elle est gâchée par le simplisme du traitement.

Car il ne faut pas prendre le récit comme un film historique. En effet, Le Triomphe de Buffalo Bill est un exemple de simplifications, de libertés, voire de révisionnisme comme en a le secret Hollywood pour mettre en valeur ses légendes. Pour le coup ces légendes sont au nombre de trois : le Pony Express du titre original, le Buffalo Bill du titre français, et Wild Bill Hickok. Commençons par ce dernier : comme Buffalo, son surnom lui vient d'une période de sa vie datant d'après son passage au Pony, plus précisément de la guerre de sécession où son tempérament de bagarreur fut nettement remarqué. Campé par un Forrest Tucker plus que trentenaire, Wild Bill avait une bonne dizaine d'années de moins que l'acteur. Le contraste de l'âge est encore plus prononcé pour l'autre légende avec la vedette la personnalisant, puisque Charlton Heston avait 30 ans pendant le tournage du film alors que Cody était lors des évènements relatés encore un adolescent de 14 ans. Mais la plus grosse liberté prise avec la réalité, c'est cette manière de présenter Cody et Hickok comme des fondateurs et des acteurs majeurs du Pony Express alors qu'ils n'étaient en fait que de simples employés. Il semblerait même que Hickok n'ai pas été l'un des cavaliers de la compagnie, mais plutôt une sorte de garçon d'écurie dans un relais. En fait, il n'est même pas certain que les deux se soient rencontrés lors de l'aventure du Pony Express, même s'ils devinrent par la suite amis (Hickok participa d'ailleurs au célèbre Wild West Show de Buffalo Bill durant sept mois en 1872 et 1873). Bref, on le voit, nous sommes loin des hommes d'expérience montrés dans le film. Le scénariste tricote, en parallèle avec l'épopée du Pony Express, une histoire autour de l'affrontement entre Buffalo Bill et un chef cheyenne, Yellow Hand ou Yellow Hair (le fait a surtout été rapporté par Buffalo lui-même et connut plusieurs versions), qu'il tua et scalpa en 1876 au nom de Custer, durant la campagne qui suivit la défaite cuisante de la bataille de Little Big Horn où ce dernier périt avec ses hommes. Donc là encore un anachronisme flagrant puisque 15 ans séparent la fin du Pony Express et le supposé duel qui opposa notre héros au cheyenne (certains diront que le premier a simplement scalpé le cadavre du second après une bataille opposant l'armée américaine et un groupe de guerriers). Ceci dit, ce moment est très bien filmé, et l'utilisation des couleurs assez remarquable, l'un des moments où l'on se rend compte que la légende, l'épique, prédomine sur le réel. Pour se rendre compte des raccourcis temporels du scénario, il suffit de savoir que le Pony Express ne fut actif que d'avril 1860 à octobre 1861, soient 18 mois qui suffiront à l'inscrire dans la légende, le télégraphe et l'absence de rentabilité lui donnant le coup de grâce.

Après un constat historique assez accablant, il y a deux façons de prendre ce genre de film. Soit compter sur le contenu pour s'enthousiasmer sur le rythme et les nombreuses péripéties offertes par les auteurs et oublier le reste, soit subir un étalage de niaiserie et attendre péniblement la fin en espérant toutefois un retournement narratif qui finira par balayer le reste (il arrivera, mais nettement trop tard). J'ai essayé de faire fi du fond, donc, pour tenter d'être emballé par la forme. Le problème c'est que l'on est en plein folklore américain alimentant la légende de l'Ouest, sans grande subtilité. Les personnages sont caricaturaux, Buffalo Bill en tête. Charlton Heston, ici au début de sa carrière, cabotine à outrance sans être un seul instant crédible, sauf quand les situations virent au drame. Ses mimiques, clins d’œils, sourires enjôleurs, agacent rapidement, comme si l'acteur voulait imiter Burt Lancaster dans La Flèche et le flambeau (beau succès de Jacques Tourneur en 1950) sauf que pour le coup, là, ça ne fonctionne pas. Mais la plus énervante est Jan Starling, sortant de ses rôles de garces pour interpréter ici une espèce de garçon manqué, énamourée d'un Bill indifférent, à la taille de guêpe entourée d'un ceinturon trop grand et de chemises à carreaux, comme un prototype loupé de la poupée Jessie de Toy Story... Avec sa tenue aussi improbable, Charlton prend constamment la pause, et comme il se doit d'être héroïque, son personnage se bat seul contre plusieurs indiens, les met systématiquement en déroute, affronte le danger avec le sourire, et a un pote fidèle comme un toutou, le célèbre Hickok. Manque plus que Calamity Jane pour que le tableau soit complet. Presque du cirque, donc, à l'instar de celui que créera Buffalo Bill pour amuser les foules. D'ailleurs ce film est une sorte d'extension de ce cirque, conforme à la légende quitte à raconter un peu n'importe quoi, comme ce complot visant à séparer la Californie de l'Union à coups de dynamite contre le Pony Express (certains remarqueront que celle-ci n'existait pas en 1860, puisque inventée par Alfred Nobel six années plus tard, mais on n'est plus à cela près, et puis ce n'est pas bien grave, tout le monde ne le sait pas, comme moi qui ne l'ai su qu'après la vision du film), un peu comme si les séparatistes corses essayaient de faire sauter des bureaux de la Poste pour rendre leur île indépendante... Hein ? Ils ont essayé ? Oups... !

Certes, le scénario est dense et le rythme assez soutenu. Le réalisateur Jerry Hopper, bien aidé par son chef opérateur Ray Rennahan (sept nominations aux Oscar, dont deux concrétisées pour les flamboyances Technicolor d'Autant en emporte le vent et Arènes sanglantes, donc assurément pas un manchot), offre de très belles séquences, souvent dynamiques. Hopper tente d'apporter du lyrisme à son œuvre, et cela se voit autant que cela s'entend, avec une musique épique propre à surligner l'aspect limite hagiographique des héros, ceux-ci étant plus grands que nature, et dont l'aura empêche tout développement psychologique puisqu'on est là dans l'icône plus que dans la reconstitution. De ce fait, Le Triomphe de Buffalo Bill ressemble à la flopée d'articles, de romans et de pièces contemporains aux évènements de la conquête de l'Ouest, écrits soit par les acteurs des faits mais largement enjolivés (ce que fera Buffalo Bill), soit par des pigistes et des auteurs qui n'ont fait qu'utiliser des noms célèbres pour fantasmer et inventer toutes sortes d'histoires. Par ses côtés relativement naïfs, et ses excès de lyrisme, Hopper semble marcher sur les traces de Cecil B. DeMille, avec cette même idée de posture et de grandiloquence, mais avec un talent visuel toutefois bien moindre.

Relevons quand même le regard presque respectueux sur les indiens, certes ennemis à abattre, mais non affublés de tous les maux. Charlton Heston est ici à cent lieues du personnage qu'il jouera dans son film suivant, Le Sorcier du Rio Grande (Arrowhead, 1953), écrit et réalisé par le scénariste de ce Pony Express, aux méchants relents de racisme qui donne presqu'envie de vomir, ou du moins d'arrêter la vision du film avant son terme... Et puis au milieu d'une interprétation généralement moyenne, la flamboyante Rhonda Fleming a peu de peine à se distinguer ; elle a d'ailleurs le rôle le plus intéressant car c 'est la seule à avoir des doutes et des interrogations sur la conduite à tenir, partagée entre la fidélité à un frère sécessionniste et l'attirance qu'elle éprouve pour son adversaire, ce qui tranche positivement des certitudes inébranlables des autres personnages principaux. Mais ce qu'on retient surtout film, c'est la scène de bain où les ravissantes Rhonda et Jan (pour le coup, on se réconcilie avec elle momentanément) barbotent dans leurs baignoires. Le réalisateur alterne alors plans larges et serrés, ne laissant aucun doute sur la nudité des actrices, du moins la suggérant suffisamment pour pimenter (très légèrement) sa scène d'une pointe de sensualité qui tranche avec la poussière et la violence des morceaux de bravoures du film. Un moment complètement inattendu, d'autant plus dans un western des années 1950 (même si on a tous en mémoire Elsa Martinelli dans sa Rivière de nos amours au début du film d'André de Toth en 1955, ou Yvonne de Carlo dans ses roseaux dans Amour, fleur sauvage de Lesley Selander la même année). Ceci dit, ce cocasse moment n'efface pas la superficialité du reste...

De par ses rebondissements et son habillage légendaire et héroïque, ce long-métrage s'assimile plus à un grand livre d'images animées pour enfants qui pourront s’identifier à un super héros du passé, qu'à une épopée humaine et historique. Certains s'en contenteront, d'autres, comme moi, s’ennuieront et oublieront ce film aussitôt vu...

Mise-en-scène : 5/10
Acteurs : 5/10
Histoire / Scénario : 4/10
Réflexion sur la condition humaine : 5/10
Spectacle offert : 6/10
Note générale : 5 /10







Pony Express, Le Triomphe de Buffalo Bill, 1953, Charlton Heston, Rhonda Fleming, Jan Sterling, Forrest Tucker, Michael Moore, Porter Hall, Richard Shannon, Henry Brandon, Stuart Randall, Lewis Martin, Eric Alden, James Davies, Len Hendry, Pat Hogan, Howard Joslin, Frank Wilcox, Jerry Hopper, cinéma, cinefaniac, action, aventures, comédie, guerre, noir, comédie musicale, western, critique, base de données, Le Triomphe de Buffalo Bill DVD, Pony Express DVD, DVD, Le Triomphe de Buffalo Bill critique, Pony Express critique, Jerry Hopper critique


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